Deux ethnographes en Puisaye, Pierre Soulier et Pierre Séguy chez les potiers

Bertrand Tillier

Sortie du numéro 192 des Annales des pays nivernais !

Été 1943. Parcourant la Puisaye à vélo, deux jeunes hommes partent à la rencontre de la tradition potière locale, animés par la volonté de découvrir, collecter, analyser, interroger des objets, des méthodes et des hommes.

Pierre Soulier et Pierre Séguy se révèlent alors photographes et ethnographes. Missionnés par le Musée national des arts et traditions populaires, et sous la férule de son directeur Georges Henri Rivière,
ils vont, dans le contexte du régime de Vichy favorisant la redécouverte
des traditions rurales, s’attacher à déployer les méthodes de l’ethnographie moderne sur ce territoire.

Leur enquête prend la forme de nombreux comptes rendus de visites
et d’entretiens, relevés graphiques, dessins et photographies des lieux
de production.  Puits d’extraction, ateliers de tournage et fours sont étudiés. Les artisans, les ouvriers et leurs familles se racontent, leurs méthodes sont observées, comparées, documentées et photographiées. Les liens familiaux
et les réseaux professionnels sont interrogés et recoupés.

La restitution de cette enquête est passionnante, à partir des nombreux documents conservés aux Archives nationales et au Musée des Civilisations
de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem).

Grâce à une résidence de chercheur au Mucem portant sur le travail
de Pierre Soulier et son rapport à l’image, Bertrand Tillier, professeur
des universités en histoire contemporaine, remet en lumière une épopée scientifique et une époque, celle d’une industrie rurale en plein bouleversement, dont le déclin est d’ores et déjà engagé.

Conférence sur les grès de Saint-Révérien

Dimanche 20 octobre 16h 
Le train des livres, Centre Gérard Philipe, Varennes Vauzelles

Pour celles et ceux qui n’ont pas pus assister à la Conférence de Philippe Donnie à Saint-Révérien. L’auteur nous présentera sa redécouverte des carrières de grès, un site industriel recouvert par la forêt.

Cette ombrière, réalisée pour la reconstitution d’un atelier de taille de carrier a été présentée lors des visites sur le site des carrières de Saint-Révérien. Ce mobilier est également présent sur les postes de travail des potiers de Puisaye au moment de la cueillette de la terre.

Les sapeurs-pompiers de Nevers, des origines à 1966

Lieutenant-colonel Patrice Lavolé

Sortie du numéro 191 des Annales des pays nivernais !

La lutte contre le feu est longtemps demeurée inégale, obligeant les pompiers à « faire la part du feu » pour préserver ce qui pouvait l’être. Pourtant, au fil des siècles, cette lutte s’organise, les hommes se forment et le matériel s’améliore, réduisant cette impuissance si terrible devant le feu.

Au cours du XIXe siècle, le corps des sapeurs-pompiers de Nevers, héritier de la garde nationale, se structure, avec difficulté toutefois : les moyens matériels comme humains font cruellement défaut ! À la dispersion des pompes à bras, installées à des endroits stratégiques, succède une première concentration, et l’installation de la caserne au cœur même de la cité, rue Saint-Martin.

Cette colonne vertébrale de l’action des sapeurs-pompiers de Nevers tiendra près de trois quarts de siècle. Mais, marqué par la motorisation progressive
des moyens d’action, par l’évolution des missions et par la nécessité d’offrir
aux pompiers un cadre de vie adapté, le corps des sapeurs-pompiers quitte la caserne Saint-Martin à la fin des années 1960 pour un bâtiment fonctionnel dans le faubourg du Mouësse. Cette même évolution se répétera à la fin des années 1990 et verra le transfert de la caserne à Saint-Éloi, actuel siège de la plus importante partie du corps de Nevers.

Sous la plume du lieutenant-colonel Lavolé et de son prédécesseur Paul Montagnon, revivez l’épopée des hommes du feu à Nevers, illustrée par de nombreux documents d’archives.

Le grès de Saint-Révérien, histoires naturelles et mémoire de carriers

Sortie du numéro 189 des Annales des pays nivernais !

Au bord d’un plateau du Nivernais central, le village de Saint-Révérien est connu pour son église romane. Saint-Révérien illustre également, pour les géologues et les bâtisseurs, un matériau qui s’y trouvait en abondance sur place : le grès. Rendons tout d’abord justice à son voisin Champallement, qui partage le filon avec Saint-Révérien, mais n’a pas attaché son nom à cette pierre et son exploitation.

L’histoire géologique des grès de Saint-Révérien est présentée avec pédagogie par Philippe Donie, géologue passionné. Cette pierre, à la dureté remarquable, doit sa présence à la faille de Saint-Saulge, qui en remonte à la surface une large lentille.

Puis l’auteur nous entraîne dans la redécouverte d’une activité industrielle aujourd’hui disparue et absolument méconnue : l’exploitation des carrières de grès qui s’achève vers 1930. Le grès a certes constitué un des matériaux utilisés, dès l’Antiquité, sur le site gallo-romain de Compierre. Mais c’est surtout à partir du milieu du XIXe siècle que l’exploitation des carrières pour la production de pavés prend son essor, pour répondre à des besoins croissants. Ainsi, durant un siècle, des centaines de milliers de pavés sont expédiés dans toute la Nièvre et à Paris.

Aujourd’hui, la forêt a repris ses droits, et recouvre de ses frondaisons les vestiges de cette industrie. Les recherches de Philippe Donie éclairent enfin ces zones pavées d’ombre !

Les girouettes d’Edouard Bélille

Sortie du numéro 188 des Annales des pays nivernais !

Pendant les années d’avant-guerre, le photographe nivernais Édouard Bélile (1879-1960) a porté son regard dans le ciel, ou plutôt sur les faîtages des maisons, à la recherche des girouettes. Parcourant la Nièvre, le Cher et l’Allier, il immortalise plus de 150 girouettes, au hasard de ses déplacements. Fortement impliqué dans le développement du tourisme local, Bélile expose ses photographies à Nevers et à cette occasion, publie une série d’articles dans le Journal du Centre début 1951.

Grâce à ses archives privées, conservées aux Archives départementales de la Nièvre et à la Médiathèque de Nevers, replongez dans l’univers des girouettes disparues. Et admirez le travail de Jean-Claude Duplessis, Maître d’art ornemaniste et meilleur ouvrier de France à deux reprises. Grâce à eux, la girouette nivernaise ne devrait pas quitter ses hauteurs de si tôt !

Rosa Bonheur en Nivernais

Sortie du numéro 187 des Annales des pays nivernais !

Lorsqu’elle arrive dans la Nièvre à l’automne 1848, Rosa Bonheur, qui a 26 ans, est déjà une peintre animalière confirmée. Cette année-là, lors du Salon de peinture de Paris, elle a obtenu une médaille de 1ère classe pour l’ensemble des œuvres qu’elle a exposées, ainsi que la commande par l’État d’un tableau représentant une scène de labour. Désirant travailler sur le motif, elle est invitée, par la famille Mathieu, à séjourner au château de la Cave à Beaumont-Sardolles (Nièvre).


C’est dans les fermes et les terres des environs qu’elle réalise les études préparatoires à son tableau, le Labourage nivernais qui, présenté au Salon de 1849, connaît un immense succès, lequel ne se démentira pas au fil du temps.


Tableau réaliste, mais aussi tableau symbolique, il devient une icône de l’art et sera énormément copié et reproduit sur toutes sortes de supports jusqu’à nos jours. Rosa Bonheur effectue de nouveaux séjours dans la Nièvre en 1850, 1851 et 1852. Sa carrière, à cette époque, est véritablement lancée. Son œuvre, qui ne se termine qu’avec son décès en 1899, est considérable, comme sa notoriété internationale.

Rosa Bonheur, Labourage nivernais, 1849, huile sur toile, RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay)

Les Settons du barrage au lac

Derrière le lac des Settons se cache un barrage…
Cette affirmation peut surprendre, tant l′évidence est grande.
Pourtant, la digue des Settons est longtemps restée en retrait.

Soustraite aux regards par les eaux du lac et les frondaisons du parc aval, elle se matérialisait surtout par l′élégant pavillon qui en rythme la perspective.
À l′occasion des travaux de restauration, les plus importants depuis 1963, le barrage se révèle : la vidange lui redonne sa hauteur, et les éclaircies du parc dévoilent de nouveau l′édifice.


À l′initiative de la Direction départementale des Territoires de la Nièvre, cet ouvrage éclaire d′un jour nouveau l′architecture et l′histoire du barrage, sans négliger celle du lac, phare du tourisme nautique nivernais.
Grâce à l′exceptionnel fonds d′archives conservé à la DDT de la Nièvre, de nombreuses anecdotes ont servi de socle aux fictions dessinées par deux illustrateurs de talent, Michel Janvier, reconnu pour ses bandes dessinées historiques et Half Red, jeune graphiste qui fait son entrée dans la bande dessinée. À ce récit graphique fait écho un approfondissement thématique enrichi d′une iconographie parfois inédite.


Genèse, conception, construction, entretien et surveillance du barrage, mais aussi, histoire et développement du tourisme sur le lac : thématique par thématique, explorons ce barrage et son lac.

Présentation de l’ouvrage à l’occasion des Journées européennes du patrimoine les 17 et 18 septembre 2022 aux Settons.

1971-2021 : 50 ans de protection du patrimoine nivernais

Sortie du numéro 185 des Annales des pays nivernais !

“De la cathédrale à la petite cuillère”: l’expression, initiée par André Chastel à propos de la grande oeuvre de l’Inventaire, pourrait parfaitement convenir à l’étendue embrassée par le patrimoine protégé au titre des monuments historiques. A partir du milieu du XIXe siècle puis au fil des décennies, ce corpus n’a cessé de s’enrichir.

Ces cinquante dernières années sont le reflet fidèle de cette évolution : les édifices et objets présentés dans cette annale témoignent de cette diversité et de l’évolution des regards. Cette évolution est rassurante, car elle offre une image dynamique et vivante du patrimoine, toujours en devenir.

Acteur institutionnel majeur au sein de la Direction régionale des affaires culturelles, service déconcentré du ministère de la Culture, la Conservation régionale des monuments historiques oeuvre quotidiennement à documenter, instruire, protéger, conseiller et restaurer ce patrimoine. Et contribue ainsi à (re)construire notre patrimoine de demain.

La Géologie dans la Nièvre

Le numéro 183 des Annales des Pays nivernais est paru!

Auteur: Philippe Donie

Si vous conservez de la géologie une image de science dure, à l’accessibilité douteuse, il est temps de se plonger dans la lecture de cette Géologie de la Nièvre. En effet, Philippe Donie, géologue amateur passionné, nous entraîne avec pédagogie dans une exploration de la géologie nivernaise, en l’illustrant par l’étude des fossiles de tailles, formes, et époques variées. Sur plusieurs centaines de millions d’années, cette synthèse nous immerge dans les découvertes des paysages nivernais successifs : les avancés et retraits de la mer façonnent alors lentement les paysages que nous contemplons actuellement.

Surtout, Philippe Donie nous montre combien la géologie conditionne de nombreuses activités humaines : le vignoble et ses calcaires kimmeridgiens, les sables de Puisaye et les argiles de Myennes au Crétacé … Son étude reflète fidèlement les intérêts d’une époque: le thermalisme dès le XVIIe siècle par exemple, le fort engouement de sociétés savantes au XIXe siècle, dans un élan partagé par d’autres domaines d’étendre et approfondir les connaissances, et dès le milieu du XVIIIe siècle, les besoins croissants de l’industrie.

A travers la géologie au temps long, c’est toute l’Histoire des hommes au temps court qui affleure. et c’est précisément ce qui rend la géologie infiniment humaine.