Cloches et horloges dans la Nièvre

Damien Peron-Sauret avec la participation d’Hervé Gouriou

Sortie du numéro 190 des Annales des pays nivernais !

Paradoxe s’il en est, les cloches demeurent un patrimoine caché, dont la voix seule révèle la présence. Par leurs tintement, glas, tocsin, sonneries de toutes sortes, elles ont rythmé le quotidien
des Nivernais depuis le Moyen-Âge. Les soubresauts de l’Histoire ont été fatals à nombre d’entre elles, mais aux fontes révolutionnaires succéda un fort renouveau dès l’Empire.

Révéler ce patrimoine campanaire, c’est tout d’abord mieux
le connaître, grâce à un inventaire parfois périlleux. Étudier une cloche, c’est également s’ouvrir à son environnement : beffroi qui la supporte, mouton et brides qui la soutiennent, battant qui la sonne. Comprendre les cloches, c’est également s’ouvrir à leur usage et leur symbolique.

L’enjeu de la maîtrise du Temps s’est également traduit par l’installation progressive d’horloges. D’entendu, le Temps devient lu. D’abord urbaine et relevant du pouvoir municipal, l’horloge conquiert ensuite les clochers, grâce à l’incomparable visibilité que leur offrent ces hauteurs. Hélas, encore plus méconnu que les cloches,
ce patrimoine horloger est aujourd’hui très vulnérable.

Sous la plume de Damien Peron-Sauret, conservateur délégué aux antiquités et objets d’art de la Nièvre, et avec la participation d’Hervé Gouriou, musicologue et expert campanaire, accédons, sans risque, aux hauteurs des clochers nivernais !

Le grès de Saint-Révérien, histoires naturelles et mémoire de carriers

Sortie du numéro 189 des Annales des pays nivernais !

Au bord d’un plateau du Nivernais central, le village de Saint-Révérien est connu pour son église romane. Saint-Révérien illustre également, pour les géologues et les bâtisseurs, un matériau qui s’y trouvait en abondance sur place : le grès. Rendons tout d’abord justice à son voisin Champallement, qui partage le filon avec Saint-Révérien, mais n’a pas attaché son nom à cette pierre et son exploitation.

L’histoire géologique des grès de Saint-Révérien est présentée avec pédagogie par Philippe Donie, géologue passionné. Cette pierre, à la dureté remarquable, doit sa présence à la faille de Saint-Saulge, qui en remonte à la surface une large lentille.

Puis l’auteur nous entraîne dans la redécouverte d’une activité industrielle aujourd’hui disparue et absolument méconnue : l’exploitation des carrières de grès qui s’achève vers 1930. Le grès a certes constitué un des matériaux utilisés, dès l’Antiquité, sur le site gallo-romain de Compierre. Mais c’est surtout à partir du milieu du XIXe siècle que l’exploitation des carrières pour la production de pavés prend son essor, pour répondre à des besoins croissants. Ainsi, durant un siècle, des centaines de milliers de pavés sont expédiés dans toute la Nièvre et à Paris.

Aujourd’hui, la forêt a repris ses droits, et recouvre de ses frondaisons les vestiges de cette industrie. Les recherches de Philippe Donie éclairent enfin ces zones pavées d’ombre !

Les girouettes d’Edouard Bélille

Sortie du numéro 188 des Annales des pays nivernais !

Pendant les années d’avant-guerre, le photographe nivernais Édouard Bélile (1879-1960) a porté son regard dans le ciel, ou plutôt sur les faîtages des maisons, à la recherche des girouettes. Parcourant la Nièvre, le Cher et l’Allier, il immortalise plus de 150 girouettes, au hasard de ses déplacements. Fortement impliqué dans le développement du tourisme local, Bélile expose ses photographies à Nevers et à cette occasion, publie une série d’articles dans le Journal du Centre début 1951.

Grâce à ses archives privées, conservées aux Archives départementales de la Nièvre et à la Médiathèque de Nevers, replongez dans l’univers des girouettes disparues. Et admirez le travail de Jean-Claude Duplessis, Maître d’art ornemaniste et meilleur ouvrier de France à deux reprises. Grâce à eux, la girouette nivernaise ne devrait pas quitter ses hauteurs de si tôt !

Rosa Bonheur en Nivernais

Sortie du numéro 187 des Annales des pays nivernais !

Lorsqu’elle arrive dans la Nièvre à l’automne 1848, Rosa Bonheur, qui a 26 ans, est déjà une peintre animalière confirmée. Cette année-là, lors du Salon de peinture de Paris, elle a obtenu une médaille de 1ère classe pour l’ensemble des œuvres qu’elle a exposées, ainsi que la commande par l’État d’un tableau représentant une scène de labour. Désirant travailler sur le motif, elle est invitée, par la famille Mathieu, à séjourner au château de la Cave à Beaumont-Sardolles (Nièvre).


C’est dans les fermes et les terres des environs qu’elle réalise les études préparatoires à son tableau, le Labourage nivernais qui, présenté au Salon de 1849, connaît un immense succès, lequel ne se démentira pas au fil du temps.


Tableau réaliste, mais aussi tableau symbolique, il devient une icône de l’art et sera énormément copié et reproduit sur toutes sortes de supports jusqu’à nos jours. Rosa Bonheur effectue de nouveaux séjours dans la Nièvre en 1850, 1851 et 1852. Sa carrière, à cette époque, est véritablement lancée. Son œuvre, qui ne se termine qu’avec son décès en 1899, est considérable, comme sa notoriété internationale.

Rosa Bonheur, Labourage nivernais, 1849, huile sur toile, RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay)

Les Settons du barrage au lac

Derrière le lac des Settons se cache un barrage…
Cette affirmation peut surprendre, tant l′évidence est grande.
Pourtant, la digue des Settons est longtemps restée en retrait.

Soustraite aux regards par les eaux du lac et les frondaisons du parc aval, elle se matérialisait surtout par l′élégant pavillon qui en rythme la perspective.
À l′occasion des travaux de restauration, les plus importants depuis 1963, le barrage se révèle : la vidange lui redonne sa hauteur, et les éclaircies du parc dévoilent de nouveau l′édifice.


À l′initiative de la Direction départementale des Territoires de la Nièvre, cet ouvrage éclaire d′un jour nouveau l′architecture et l′histoire du barrage, sans négliger celle du lac, phare du tourisme nautique nivernais.
Grâce à l′exceptionnel fonds d′archives conservé à la DDT de la Nièvre, de nombreuses anecdotes ont servi de socle aux fictions dessinées par deux illustrateurs de talent, Michel Janvier, reconnu pour ses bandes dessinées historiques et Half Red, jeune graphiste qui fait son entrée dans la bande dessinée. À ce récit graphique fait écho un approfondissement thématique enrichi d′une iconographie parfois inédite.


Genèse, conception, construction, entretien et surveillance du barrage, mais aussi, histoire et développement du tourisme sur le lac : thématique par thématique, explorons ce barrage et son lac.

Présentation de l’ouvrage à l’occasion des Journées européennes du patrimoine les 17 et 18 septembre 2022 aux Settons.

1971-2021 : 50 ans de protection du patrimoine nivernais

Sortie du numéro 185 des Annales des pays nivernais !

“De la cathédrale à la petite cuillère”: l’expression, initiée par André Chastel à propos de la grande oeuvre de l’Inventaire, pourrait parfaitement convenir à l’étendue embrassée par le patrimoine protégé au titre des monuments historiques. A partir du milieu du XIXe siècle puis au fil des décennies, ce corpus n’a cessé de s’enrichir.

Ces cinquante dernières années sont le reflet fidèle de cette évolution : les édifices et objets présentés dans cette annale témoignent de cette diversité et de l’évolution des regards. Cette évolution est rassurante, car elle offre une image dynamique et vivante du patrimoine, toujours en devenir.

Acteur institutionnel majeur au sein de la Direction régionale des affaires culturelles, service déconcentré du ministère de la Culture, la Conservation régionale des monuments historiques oeuvre quotidiennement à documenter, instruire, protéger, conseiller et restaurer ce patrimoine. Et contribue ainsi à (re)construire notre patrimoine de demain.

La Géologie dans la Nièvre

Le numéro 183 des Annales des Pays nivernais est paru!

Auteur: Philippe Donie

Si vous conservez de la géologie une image de science dure, à l’accessibilité douteuse, il est temps de se plonger dans la lecture de cette Géologie de la Nièvre. En effet, Philippe Donie, géologue amateur passionné, nous entraîne avec pédagogie dans une exploration de la géologie nivernaise, en l’illustrant par l’étude des fossiles de tailles, formes, et époques variées. Sur plusieurs centaines de millions d’années, cette synthèse nous immerge dans les découvertes des paysages nivernais successifs : les avancés et retraits de la mer façonnent alors lentement les paysages que nous contemplons actuellement.

Surtout, Philippe Donie nous montre combien la géologie conditionne de nombreuses activités humaines : le vignoble et ses calcaires kimmeridgiens, les sables de Puisaye et les argiles de Myennes au Crétacé … Son étude reflète fidèlement les intérêts d’une époque: le thermalisme dès le XVIIe siècle par exemple, le fort engouement de sociétés savantes au XIXe siècle, dans un élan partagé par d’autres domaines d’étendre et approfondir les connaissances, et dès le milieu du XVIIIe siècle, les besoins croissants de l’industrie.

A travers la géologie au temps long, c’est toute l’Histoire des hommes au temps court qui affleure. et c’est précisément ce qui rend la géologie infiniment humaine.

Un village et la Loire au XIXe siècle

Auteur: Bernadette Petit-Dorot

Trop rares sont les Nivernais à connaître Thareau, hameau de Saint-Hilaire-Fontaine ancré dans une courbe de la Loire, aux confins de la Nièvre et du Bourbonnais. Là, la Loire s’écoule, discrète: elle surgit au détour d’un méandre, roule ses eaux le long de la levée et, sitôt la courbe franchie, se dérobe aux regards.

Aujourd’hui assoupi, Thareau fut au XIXe siècle un lieu de vie relié au monde, véritable caisse de résonance des grands bouleversements qui affectent ce siècle.

Sous la plume attentive de Bernadette Petit-Dorot, qui n’ignore pas ce que l’histoire doit à la géographie, Thareau dévoile sont histoire et revit, aidé en cela par une source précieuse: le registre paroissial de Saint-Hilaire-Fontaine, chronique tenue par ses curés tout au long du siècle. De nouveau résonnent en filigrane les cris du port et les chants des mariniers; la barque du passeur fend les flots, assurant le passage vers Gannay. Port-Thareau, lieu animé aux 150 habitants, vit pour et avec la Loire: le village tire du fleuve sa subsistance, et cependant s’en méfie, s’en défend. Et par la levée patiemment érigée, renforcée, contrôlée, Thareau se protège du fleuve. Pourtant cette digue est le théâtre sur lequel la Loire joue ses rôles les plus dramatiques: en 1846, 1856, 1866, l’émotion des crues et des inondations submerge Thareau.

Puis l’eau, comme la vie, s’est retirée. Thareau s’est détourné du fleuve. Aujourd’hui, les frémissements d’une réconciliation sont visibles: lentement, Thareau renoue avec la Loire. Enfin.

Des Nivernais dans la poésie du Moyen Âge

Le n° 180 des Annales des Pays nivernais est paru…

Auteur : Michel Zink de l’Académie française

Bien que méconnue, la gloire littéraire de Nevers est ancienne : dès le XIIIe siècle, plusieurs œuvres jouent des comtes de Nevers ou de leur famille dans la panoplie des protagonistes.

Certaines œuvres reprennent l’archétype des romans médiévaux : pour l’amour d’une belle, le juste et le fourbe s’opposent dans un combat méandreux, sous l’œil du souverain. Telle est la trame du roman mis en prose Le roman de la violette, où Gérard comte de Nevers doit défendre la vertu de sa bien-aimée à cause d’une gageure mal engagée. Flamenca explore avec plus de subtilité les arcanes de la jalousie, et l’amour adultère récompense pourtant les amants malheureux (Flamenca et Guillaume de Nevers) ; Amadas et Ydoine, se jouent quant à eux de la crédulité du mari (le comte de Nevers) pour vivre leur passion. Enfin, dans Girart de Roussillon, le comte de Nevers incarne la sagesse et la modération d’un conseiller.

La morale se dégrade et est loin d’être sauve dans certains fabliaux osés : la naïveté d’une jeune fille rend sa conquête, malhonnête, possible.

Avec verve et brio, Michel Zink, éminent spécialiste de littérature médiévale et membre de l’Académie française, entraîne le lecteur dans l’exploration de ces œuvres et tente de répondre à ces questions : pourquoi et comment Nevers se trouve être le dénominateur commun de ce matériau ?