La Géologie dans la Nièvre

Le numéro 183 des Annales des Pays nivernais est paru!

Auteur: Philippe Donie

Si vous conservez de la géologie une image de science dure, à l’accessibilité douteuse, il est temps de se plonger dans la lecture de cette Géologie de la Nièvre. En effet, Philippe Donie, géologue amateur passionné, nous entraîne avec pédagogie dans une exploration de la géologie nivernaise, en l’illustrant par l’étude des fossiles de tailles, formes, et époques variées. Sur plusieurs centaines de millions d’années, cette synthèse nous immerge dans les découvertes des paysages nivernais successifs : les avancés et retraits de la mer façonnent alors lentement les paysages que nous contemplons actuellement.

Surtout, Philippe Donie nous montre combien la géologie conditionne de nombreuses activités humaines : le vignoble et ses calcaires kimmeridgiens, les sables de Puisaye et les argiles de Myennes au Crétacé … Son étude reflète fidèlement les intérêts d’une époque: le thermalisme dès le XVIIe siècle par exemple, le fort engouement de sociétés savantes au XIXe siècle, dans un élan partagé par d’autres domaines d’étendre et approfondir les connaissances, et dès le milieu du XVIIIe siècle, les besoins croissants de l’industrie.

A travers la géologie au temps long, c’est toute l’Histoire des hommes au temps court qui affleure. et c’est précisément ce qui rend la géologie infiniment humaine.

Un village et la Loire au XIXe siècle

Auteur: Bernadette Petit-Dorot

Trop rares sont les Nivernais à connaître Thareau, hameau de Saint-Hilaire-Fontaine ancré dans une courbe de la Loire, aux confins de la Nièvre et du Bourbonnais. Là, la Loire s’écoule, discrète: elle surgit au détour d’un méandre, roule ses eaux le long de la levée et, sitôt la courbe franchie, se dérobe aux regards.

Aujourd’hui assoupi, Thareau fut au XIXe siècle un lieu de vie relié au monde, véritable caisse de résonance des grands bouleversements qui affectent ce siècle.

Sous la plume attentive de Bernadette Petit-Dorot, qui n’ignore pas ce que l’histoire doit à la géographie, Thareau dévoile sont histoire et revit, aidé en cela par une source précieuse: le registre paroissial de Saint-Hilaire-Fontaine, chronique tenue par ses curés tout au long du siècle. De nouveau résonnent en filigrane les cris du port et les chants des mariniers; la barque du passeur fend les flots, assurant le passage vers Gannay. Port-Thareau, lieu animé aux 150 habitants, vit pour et avec la Loire: le village tire du fleuve sa subsistance, et cependant s’en méfie, s’en défend. Et par la levée patiemment érigée, renforcée, contrôlée, Thareau se protège du fleuve. Pourtant cette digue est le théâtre sur lequel la Loire joue ses rôles les plus dramatiques: en 1846, 1856, 1866, l’émotion des crues et des inondations submerge Thareau.

Puis l’eau, comme la vie, s’est retirée. Thareau s’est détourné du fleuve. Aujourd’hui, les frémissements d’une réconciliation sont visibles: lentement, Thareau renoue avec la Loire. Enfin.

Des Nivernais dans la poésie du Moyen Âge

Le n° 180 des Annales des Pays nivernais est paru…

Auteur : Michel Zink de l’Académie française

Bien que méconnue, la gloire littéraire de Nevers est ancienne : dès le XIIIe siècle, plusieurs œuvres jouent des comtes de Nevers ou de leur famille dans la panoplie des protagonistes.

Certaines œuvres reprennent l’archétype des romans médiévaux : pour l’amour d’une belle, le juste et le fourbe s’opposent dans un combat méandreux, sous l’œil du souverain. Telle est la trame du roman mis en prose Le roman de la violette, où Gérard comte de Nevers doit défendre la vertu de sa bien-aimée à cause d’une gageure mal engagée. Flamenca explore avec plus de subtilité les arcanes de la jalousie, et l’amour adultère récompense pourtant les amants malheureux (Flamenca et Guillaume de Nevers) ; Amadas et Ydoine, se jouent quant à eux de la crédulité du mari (le comte de Nevers) pour vivre leur passion. Enfin, dans Girart de Roussillon, le comte de Nevers incarne la sagesse et la modération d’un conseiller.

La morale se dégrade et est loin d’être sauve dans certains fabliaux osés : la naïveté d’une jeune fille rend sa conquête, malhonnête, possible.

Avec verve et brio, Michel Zink, éminent spécialiste de littérature médiévale et membre de l’Académie française, entraîne le lecteur dans l’exploration de ces œuvres et tente de répondre à ces questions : pourquoi et comment Nevers se trouve être le dénominateur commun de ce matériau ?