Auteur: Bernadette Petit-Dorot
Trop rares sont les Nivernais à connaître Thareau, hameau de Saint-Hilaire-Fontaine ancré dans une courbe de la Loire, aux confins de la Nièvre et du Bourbonnais. Là, la Loire s’écoule, discrète: elle surgit au détour d’un méandre, roule ses eaux le long de la levée et, sitôt la courbe franchie, se dérobe aux regards.
Aujourd’hui assoupi, Thareau fut au XIXe siècle un lieu de vie relié au monde, véritable caisse de résonance des grands bouleversements qui affectent ce siècle.
Sous la plume attentive de Bernadette Petit-Dorot, qui n’ignore pas ce que l’histoire doit à la géographie, Thareau dévoile sont histoire et revit, aidé en cela par une source précieuse: le registre paroissial de Saint-Hilaire-Fontaine, chronique tenue par ses curés tout au long du siècle. De nouveau résonnent en filigrane les cris du port et les chants des mariniers; la barque du passeur fend les flots, assurant le passage vers Gannay. Port-Thareau, lieu animé aux 150 habitants, vit pour et avec la Loire: le village tire du fleuve sa subsistance, et cependant s’en méfie, s’en défend. Et par la levée patiemment érigée, renforcée, contrôlée, Thareau se protège du fleuve. Pourtant cette digue est le théâtre sur lequel la Loire joue ses rôles les plus dramatiques: en 1846, 1856, 1866, l’émotion des crues et des inondations submerge Thareau.
Puis l’eau, comme la vie, s’est retirée. Thareau s’est détourné du fleuve. Aujourd’hui, les frémissements d’une réconciliation sont visibles: lentement, Thareau renoue avec la Loire. Enfin.